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2005 : Les dépeceurs de porcs

mardi 16 juillet 2013, par Sylvie Terrier

Les dépeceurs de porc

Ils vous sautent à la gueule et aux tripes les dépeceurs de porcs parce que vous ne vous attendez absolument pas à cette rencontre, la nuit, à deux heures du matin, alors que toute la ville est silencieuse et plongée dans un profond sommeil.

Un camion, des voitures à l’angle de la rue. Et le bruit. Des coups de hachoirs, des corps que l’on traîne, la chute de paquets flasques.

Il ne fallait pas regarder.

Car ensuite comment oublier l’horreur de ces porcs éventrés, cette chaire livide et qui saigne de l’intérieur, ces pattes raidies aux sabots fendus, cette béance à la place des viscères, ces têtes livides aux yeux fermés abandonnées sur le sol.

Il y en a trois, quatre, quinze qui attendent le hachoir.
Sur le dos, jetés sur le sol noir et gras

Et le boucher, debout, à demi nu, vêtu seulement d’un short maculé de sang . Peau contre peau, chair contre chair. On ne voit que son dos, il travaille à toute vitesse, car il fait chaud et il n’y a pas de frigo.

Le couteau glisse dans la chair, s’enfonce dans la graisse blanche. Découpe d’abord les belles pièces, les jambons, les filets.

De l’autre côté de la rue, les chiens attendent les déchets.

Cette béance, comme un sexe violé.

Cette chair, des cadavres exposés.

Ouverts sur la nuit les dépeceurs de porcs.

Bourreaux de la nuit.