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2021 : Fuerteventura, l’aventure extrême (1)

mardi 14 décembre 2021, par Sylvie Terrier

Nous arrivons de La Goméra ce mardi 9 novembre.

L’Aéroport de Fuerteventura ressemble à une machine géante prête à accueillir des milliers de touristes. C’est gris, impersonnel et vide.

Une heure d’attente devant la grille rouillée de notre hébergement à Corralejo. Des logements collectifs usés par le temps et la location outrancière, rassemblés autour d’une piscine qui sent le chlore. Découvrant notre logement, je me demande quel mot utiliser pour traduire ce que je ressens. Suturé. Voilà. Suturé. Car tout a été condamné, l’évier, les plaques de cuisson, l’arrivée d’eau, les appareils ménagers. Ne restent que des placards vides et un frigo, même pas un verre, même pas une petite bouilloire. Des couleurs laides, du gris, du vert kaki, du brun délavé, une décoration ultra minimaliste.

- Vous avez encore des serviettes de toilette dans le placard, dit l’hôtesse en français devant notre air dépité.

Nous ressortons pour dîner et acheter le casse-croûte du lendemain. La moitié du supermarché Dino est rempli de bouteilles d’alcool, tous les produits présentés sous plastique. Je sens les larmes me monter aux yeux, je n’ai qu’une envie, fuir. Je m’étais préparée à ce choc mais la réalité est encore pire quand nous parcourons les rues à la recherche d’un restaurant. Je pense au livre de Houellebecq Plateforme, nous y sommes. Étalage obscène d’un tourisme à bas prix pour allemands en manque de soleil et de détente. Alcool, pizza, fastfood, Steakhouse (et tout le reste qui ne s’expose pas) mis à disposition à des prix rédhibitoires. Des visages et des corps monstrueux, déformés par la sale vie et la dépression. Je sais bien que cela existe, je ne suis pas en train d’écrire que je découvre ce monde. Non, ce qui m’atteint c’est d’y être allée, de m’être jetée dans la gueule de ce que je déteste et rejette violemment.

Sortons de l’arène et allons dans les marges, dans les rues que les touristes ignorent, loin de la lumière des néons. A l’angle d’une rue un restaurant italien attire mon attention. La tête du patron me plaît, un authentique italien, homme gai et triste à la fois, qui bien qu’âgé continue à travailler, d’un pas claudiquant mais alerte. Ne pas regarder à droite le couple d’alcooliques allemands tout droit sortis d’un tableau de Goya, se concentrer sur la carte du menu et bientôt se régaler de plats succulents et d’un verre de vin rouge. La soirée est sauvée.

Curieusement nous dormons bien dans cette chambre. J’ai retourné le couvre lit couleur marron. Un rose tyrien, couleur bougainvillier a égayé notre nuit.

10 novembre. Corralejo - El Cotillo : 27 km

Notre projet est de parcourir l’île du nord au sud en suivant le GR 131 qui parcourt l’île transversalement (en rouge sur la carte).
Nous avons choisi de commencer notre périple à Corralejo au Nord-Est de l’Ile et de suivre la côte jusqu’au port de El Cotillo sur le versant Ouest. En ce sens nous faisons une entorse à la première étape du GR qui passe par l’intérieur des terres. Mais nous le retrouverons demain... Pour l’ abandonner à nouveau les deux derniers jours afin de rester sur la côte Ouest et découvrir l’immense plage de Barlovento. Je crains les immenses complexes hôteliers de la côte Est et n’est aucune envie de renouveler l’expérience de Corralejo.

Ce matin, avant de commencer la marche, petit cafe con leche au soleil sur une placette. Les touristes dorment encore, Corralejo a changé de visage, la vie est belle.
Sortir de la ville s’avère aisé. D’un coup, le pied quitte le bitume pour le sol aride du désert. A quelques kilomètres, à un trait d’outremer se dresse Lanzarotte, l’île blanche.

- Seuls au monde ? Non, y’a un van
Nous partageons le paysage avec les surfeurs et leurs vans, toujours hauts perchés qui forment comme des repères sur l’horizon. Ils représentent un monde à part, communauté de sportifs, souvent plongés dans des réflexions et calculs complexes. La vague, quand, comment, le moment, la marée… Nos deux univers ne communiquent pas, nous passons, eux sont liés à l’exploration du spot.

Temps magnifique, ciel bleu clair sur lequel s’effilochent quelques nuages. A notre gauche, des volcans à la tête tronquée me font penser aux pyramides égyptiennes. Pas bien méchant tout cela. Nous partageons la piste et la poussière avec les voitures. Les habitués roulent vite pour éviter les tremblements.

L’île me semble très vieille, usée, aucune végétation à l’horizon, nous déjeunons sur une plage de rhodolithes, des algues fossilisées devenues blanches qui ressemblent à du pop corn et qu’il ne faut, ni ramasser... ni manger, c’est la pancarte qui l’interdit.

Au soleil couchant nous arrivons à El Cotillo, il est trop tard pour se baigner. Les plages, les voitures, le tourisme plus familial ici, me replongent dans l’ambiance de la veille. Je pense, « pour le moment Fuerté ça prend pas ». Je trouve l’ambiance artificielle, réponse en somme logique à la question de pourquoi venir sur cette île désertique autrement que pour des vacances, les plages et le sport.

J’essaie d’imaginer les premiers habitants de l’île, leur labeur, leur ingéniosité pour survivre au manque d’eau, faire pousser des récoltes, trouver du bois afin d’améliorer l’âpreté des pierres. Je découvre qu’ils appelaient « joyas », bijoux, ce que leur apportait la mer. Je lis aussi l’existence de nombreuses famines avec pour conséquence la fuite vers les autres îles plus hospitalières, plus vertes. Mais à l’heure où j’écris ces lignes, nous n’avons pas encore vraiment commencé notre exploration.

L’appartement que nous avons loué pour la nuit est agréable et spacieux. De vastes murs blancs servent d’espace d’exposition à toute une galerie de reproduction de tableaux ou de photographies. C’est logo-typé Ikéa, international et banal mais ça fait du bien.

Nous sommes trop fatigués pour ressortir et marcher encore jusqu’au petit port de pêche, ce sera pour demain matin en repartant. Notre immeuble se trouve à l’entrée de la ville. Bientôt d’autres s’installeront, ainsi s’agrandit la ville, vite et sans plan d’urbanisme avec pour seul objectif le tourisme. Un steakhouse de viande argentine remplace le restaurant de poisson, les boutiques de bien être restent ouvertes jusqu’à 21h.

Depuis longtemps la nuit est tombée. Nous faisons quelques courses pour le dîner et buvons un verre dans le premier café rencontré. Le patron s’empresse mais la tristesse se lit sur son visage, le client se fait rare.
J’achète du poulet congelé, bonne occasion pour utiliser notre micro-onde. Viande, pâtes, fruits frais, notre trio énergétique gagnant pour affronter la marche du lendemain.

11 novembre El Cotillo - La Oliva : 22km

Ciel blanc au réveil, océan bleu glacé, noirs rochers déchiquetés. Le petit port sommeille dans son anse, juste le temps d’une photographie et nous nous enfonçons dans un paysage lunaire, entre lave noire et monts désertiques.

Le ciel se dégage, se structure en nuages cubiques, l’espace s’agrandit. Je marche, le sable crisse, le regard glisse sur les pentes douces des volcans, de petits monts ronds de couleur rouille. Je me surprends à chercher un brin d’herbe, un signe de vie. Rien. Alors j’ouvre un autre sens, l’écoute. J’enregistre le chant d’un coq, un chien qui aboie. La route file droit, passe entre deux mamelons. Nous avons quitté la côte et ses plagistes, nous nous retrouvons seuls. Seuls à marcher dans le silence d’un paysage monochrome.

- Ola !
Deux VTTistes nous dépassent, puis nous croisons un homme en compagnie de son chien.
Dans le désert, quand on rencontre quelqu’un, on se salue.

Petit inventaire du jour : une boîte de conserve rouillée, oui comme dans les BD de Lucky Luke, un os blanchi, une chemise à demi ensevelie dans le sable.
Et nous, dans cette immensité, bienheureux d’avoir retrouvé notre liberté.

Arrêt pour déjeuner à l’ermitage de Lajares. C’est un village silencieux, résidentiel, un lieu de vent et de moulins. De belles villas. J’imagine que les gens travaillent « en bas » sur la côte et vivent ici, loin du tourisme, dans le calme retrouvé.

Après les monts sablonneux, nous attaquons la montage, le cœur de l’île. La roche a remplacé le sable, des montagnes se profilent, plus hautes et surtout d’une étrange couleur verte. De la végétation ? Des cultures ?
Malgré son aspect désertique, l’île est habitée. Dans les vallons s’étirent des villes blanches aux maisons très dispersées, comme si l’espace était libre de droit, miracle que des hommes veuillent bien s’installer ici. A tout moment une maison isolée peut apparaître. On ne sait pas si quelqu’un vit ici, un chien souvent féroce en assure la garde. Fin ou début d’un monde.

La montagne verte est une montagne recouverte de lichens d’un vert couleur de l’eau qui recouvre les pierres, lichens secs qui s’effritent sous mes doigts. Des murets soigneusement érigés délimitent de vastes parcelles. Élevages d’un temps passé, il n’y a ici plus aucun animal à part un âne blanc qui tourne la tête vers nous, même plus la force de venir à notre rencontre, je lui aurais donné du pain. Quelques figuiers survivent, blancs comme le pelage de l’âne, décalcifiés, leurs branches dressées comme des coraux morts, quelques feuilles subsistent, pas un fruit. Arbre à
l’état végétatif entouré d’un couronne de pierre pour retenir l’humidité.

Quel beau chemin, bien balisé, bordé de pierres arrondies, comme un double collier de perles rousses qui nous conduit tout en douceur vers La Oliva. De grands moulins restaurés se dressent, impossible d’imaginer des cultures ici où l’aridité et les champs de pierres semble endémiques.

A La Oliva nous sommes accueillis par Morizio, un italien bavard et affable et c’est exactement ce qu’il nous faut après cette journée aride. Morizio nous présente son jardin, nous parle de sa femme Silvietta, de ses géraniums et nous le sac et la fatigue encore sur le dos à l’écouter raconter sa vie, son bonheur de vivre ici, et surtout n’hésitez pas, si vous avez besoin de quoique ce soit, nous sommes juste à côté.
Car oui nous avons une maison pour nous tous seuls (leur maison en fait), une terrasse, un jardin et tellement d’espace et de couleurs. L’orange et la pierre volcanique se marient joyeusement. Morizio a même mis une petite bouteille de Crémant au frais.
Nous dormons dans un lit aussi grand qu’un lit de géant, sommeil réparateur, réveillés au matin par les aboiements intempestifs des chiens de garde emprisonnés dans la maison voisine.

12 novembre. La Oliva - Tindaya - Tefia - Cassilas del Angel : 26,5km

C’est un chemin lent et linéaire proche de la méditation.
Un chemin qui commence par la grande église de La Oliva, sous des chants grégoriens et se poursuit dans le dénuement, entre ciel tourmenté et terre brûlée.

Un chemin qui passe par la montagne sacrée de Tindaya, montagne des autochtones de l’île qui ont gravés des empreintes de pieds (pétroglyphes podomorphes) et laissés pour la postérité ossements, poteries et coquillages. Une étape toute en esprit et espace.

C’est un chemin qui nous fait quitter le GR 131 au niveau d’un nouvel ermitage après Tefia et nous entraîne vers la montagne du mont Tao, sous un ciel gris hématome.

Au col, muets devant un espace infini d’ocres et de craie, nous découvrons que nous sommes entourés par l’océan. Entre ombre et soleil, comme une poignée de cailloux blancs jetés à la volée apparaissent les maisons de Cassilas del Angel.

Nous avions initialement réservé un hébergement à Tefia mais notre logeuse nous fait défaut. « Mon homme est mort » nous écrit-elle. Après lui avoir envoyé nos condoléances et douté à la lecture de ses réponses de la véracité de ses dires, nous avons dû trouver autre chose, d’où le détour par Cassilas del Angel. Pas facile pour les nomades que nous sommes de trouver un hébergement pour une seule nuit.

Nous arrivons à la « rural Ruyama » de Cassilas au crépuscule. Trop tard pour la piscine, trop tard pour profiter du jardin. Plaisir simple d’une bonne douche et d’habits propres sur notre peau encore chaude.
La faim nous taraude. Il n’y a qu’un seul restaurant dans ce bourg, « La cantina ». Bel accueil, nous commençons avec un verre de blanc moelleux et apprécions la carte modeste mais heureuse. Retour la nuit le long de la route nationale, nous nous sentons minuscules sous les étoiles.

Inventaire du jour : une demi hérisson séché, un écureuil bondissant gris comme la lave, un os de chèvre blanchi, deux paonnes au vol lourd.

13 novembre. Cassilas del Angel – Betancuria - Vega de rio Palma : 25 km

Il a fallu attendre huit heures pour prendre notre petit déjeuner à la ferme. C’est tard pour nous qui avons pris l’habitude de nous lever à six heures. Nous démarrons tôt car nous ne connaissons ni la difficulté ni la durée réelle de la marche.

Manger devient vital. Le désert nous affame, toute cette aridité met en alerte notre système de survie. Ce n’est pas le manque d’eau qui nous inquiète, mais plutôt d’avoir assez d’énergie pour marcher dans ce paysage où notre humanité vacille. Espace dépouillé jusqu’à l’os, qui nous transcende et que nous ne pouvons que traverser.
Les cailloux ont-ils une ombre ?

Ce matin, les montagnes ressemblent à des gâteaux de châtaigne brûlés, crevassés. A leurs pieds des champs soigneusement entourés de talus en forme de digues attendent l’eau. Quand elle dévalera les pentes, elle abreuvera la terre, ratissée, prête pour les cultures.
Nous commençons à comprendre les ingénieux stratagèmes mis en place par l’homme pour récupérer l’eau des montagnes, l’endiguer, la conserver, la répartir.

En fait, tout est récupéré dans l’île comme ces palettes qui servent d’abri aux arbres et jeunes plantations.

Premier champ d’oliviers, pas plus hauts qu’un enfant, premiers grenadiers et poivriers. Au centre de l’île, la terre rouge semble un berceau fertile après toute cette aridité traversée. Mais une fois sur place, je constate que l’eau manque cruellement, que le désert règne, omniprésent. Je crie de joie quand je découvre un champ de patates furieusement vert, tout petit certes mais réel. Je le prends en photo comme s’il s’agissait d’un trésor sous le regard mécontent du propriétaire qui arrive en voiture et que je gêne pour se garer.

Cinq cents mètres de montée et nous voici sur un nouveau sommet de l’île, au mirador de Morro Velosa. Plaisir du chemin parcouru. Au loin Lanzarotte, à l’Est, je reconnais le port de El Cotillo, loin lui aussi, les montagnes rondes et le téton brûlé de la Oliva, la plaine de Llionos de la Conception, la vallée douce de Santa Ines. De-ci de-là telles des chèvres vagabondes, quelques maisons solitaires.

- Ah la bonne fesse !

Je m’amuse. Le vent sèche mes vêtements trempés de sueur. Je suis heureuse de voir avec quelle facilité nous avons accompli cette montée, combien nos muscles sont exercés, nos articulations souples, notre motivation de plus en plus aiguisée malgré les huit à dix kilos que pèsent nos sacs à dos. Je me rends compte que nous sommes dans une dynamique de déplacement, que ce paysage nous avons tendance à le traverser vite, comme s’il nous brûlait, comme s’il nous poussait à aller toujours plus loin, même quand nous prenons le temps d’une photo.

Pour l’heure à ce col, devant ces deux géants préhispaniques de l’île, Ayose et Guize, la satisfaction se lit sur nos visages. Nous avons depuis ce matin parcouru quatorze kilomètres, l’heure sacrée du casse-croûte est arrivée.

A quelques enjambées du mirador, sur un large chemin bien protégé du vent nous nous installons. Un nouveau paysage s’offre à nous, pareillement désertique et brûlé couleur d’épices et de cannelle. En contre bas comme un miracle, la petite ville de Bétancuria apparaît, nichée dans une faille gainée de verdure. Je comprends alors l’intérêt qu’elle a pu susciter chez les premiers colons qui en firent leur capitale, une rivière souterraine coule en cet endroit.

Le soleil dore nos bras dénudés. J’étale joliment le casse-croûte, pain, jambon, fromage de chèvre local à la croûte fumée rouge paprika, deux belles pommes. C’est un moment de bonheur pur, en osmose avec la nature. Plaisir de manger, redonner des forces à notre corps, cligner des yeux dans le soleil, regarder. Je me sens dans cet instant extraordinairement vivante.

Soudain, un éclair gris traverse mon champ de vision. Un tamia rayé s’approche, curieux. Il reste en retrait, prêt à fuir. Je lui lance un bout de pain, il s’en saisit puis disparaît. J’attaque mon sandwich et l’oublie, quand tout à coup le voici qui revient. J’émiette un cerneau de noix et place les morceaux dans le creux de ma main. Il s’approche, saisit les morceaux entre ses pattes et les mange à quelques centimètres de moi. Il est d’un vivacité saisissante. Un deuxième surgit, bientôt ils sont six à manger dans ma main, oubliant toute méfiance. Didier filme, je me délecte.

A Betancuria, nous retrouvons les touristes, mais l’ambiance reste paisible, la ville modeste ressemble plutôt à un lieu de villégiature. Nous nous offrons une bière glacée et apprenons que le samedi, l’unique supermarché est fermé. Pas de chance, nos provisions sont épuisées.

Nous n’avons pas trouvé d’hébergement à Betancuria aussi le temps est venu de reprendre notre marche. Nous devons franchir une nouvelle montagne pour trouver notre maison du soir à Vega de Rio Palma. Encore huit kilomètres, une deuxième journée de marche commence. Nous quittons le GR pour un chemin qui nous emmène sur la crête du Morro del Media. Océan bleu monochrome de part et d’autre. Instant sublime, où la lumière de fin d’après midi encre les ombres et enflamme les couleurs.

Sensation de marcher sur le toit du monde, foulant la poussière rouge, la lune en orbite.

Un peu inquiets devant l’étendue qu’il reste à parcourir, nous hâtons imperceptiblement le pas, par quel côté commencera la descente ?
Par un portail mal agencé, des cailloux grossiers, sur le versant Ouest. J’avais imaginé un autre chemin.

Alors on a les vu, des arbres, des pins à longues épines, noircis, calcinés. Toute une forêt d’arbres brûlés, certains se tordant dans le ciel devenu moutonneux. La seule forêt encore présente sur l’île a brûlé.

A Vega, sur la minuscule place du village nous avons rencontré Mohamed. Il est arrivé en même temps que nous, lui en voiture et nous dépités de trouver le seul restaurant du village fermé.
- Mais ici tout ferme à 17 heures ! Nous dit-il en écrasant sa cigarette.
Autrement dit plus aucune touriste ne vient ici à la nuit tombée.

Mohamed gère le restaurant. Il est ennuyé, il ne peut pas nous vendre un paquet de pâtes et il a donné rendez-vous à des amis qui d’ailleurs sont arrivés, presque en même temps que nous.
Finalement nous nous retrouvons tous dans le patio du restaurant, dans un cadre enchanteur de végétation au mobilier cosy. Mohamed qui « ne sait rien faire » nous apporte une assiette de fromage, un carpaccio de bœuf et deux verres d’un excellent vin rouge. La bouteille circule, Mohamed discute avec chacun, vingt ans qu’il travaille sur l’île.

Il fait nuit noire quand nous arrivons à notre hébergement, la traduction dit que la clef est cachée « sous le poulailler », clef qui nous fera ouvrir la boite aux lettres dans laquelle se trouve celle de la maison, sous une poule en céramique, une maison immense bien trop grande pour nous où nous ne ferons que dormir.