Accueil > La vie, une aventure > 2020 : En pensant, en cheminant
2020 : En pensant, en cheminant
mardi 15 décembre 2020, par
Des pensées venues en chemin, des débuts possibles de nouvelles, à écrire un jour ou jamais...
Cadaqués, ville blanche en Catalogne.
Au loin un phare nous appelle. Tel un monastère, bien planté sur le rocher, il se dresse, paré pour résister à toutes les intempéries.
Et nous une fois arrivés de découvrir non sans tristesse ses portes et fenêtres murées, son crépi fissuré, les bassins abandonnés.
Le crépuscule descend de la montagne, le creux des rochers devient encre. De retour vers vers la ville blanche, nous jetons un dernier regard au phare déjà loin.
Mon cri ! Le voici qui s’éclaire, il est encore phare. De quel miracle tire-t-il son énergie ?
L’église toute blanche de Cadaqués s’éclaire à son tour et son clocher ajouré n’a d’autre forme que celle d’un autre phare. Même si la lueur est douce et dorée, même si au large cette source de lumière ne se distingue pas, elle est le phare des habitants de la ville, sentinelle des vieux marins rentrés au port.
La beauté est dans la forme parfaite de l’oiseau, entre ciel et la mer. Et nous, quelle forme revêt notre beauté ?
Voici ma pensée ce jour : le chiens pissent pour marquer leur territoire et l’homme ? Il construit une maison. Les chiens pissent, les hommes construisent.
N’empêche, je préférerais que certains paysages restent vierges plutôt que d’autres se les approprient, même pour construire un cabanon.
Il se frotte les mains puis se penche sur une poussette où gigote un enfant. Depuis quelques jours il fait froid, ses mains à lui doivent être glacées. Il les réchauffe avant de toucher le petit. Doigts tordus et bronzés du vieux et main potelée de l’enfant jouent et s’emmêlent.
Il avait l’habitude de saluer un vieux assis dehors sur sa terrasse, tassé dans un fauteuil roulant. Lui tout aussi vieux que l’autre mais bien alerte. Au fil des mois, une après midi, ils se sont parlé. Le vieux assis a offert des kakis de son jardin à l’autre qui les adore. Les deux hommes étaient heureux de ce moment partagé.
Cet été le vieux dans son fauteuil n’est pas sorti sur son balcon. L’autre a continué à faire son geste de la main, des fois que l’autre soit derrière la vitre, invisible mais présent. Cela a duré. Ce salut, en sympathie avec un être absent.
Et puis un jour l’épouse est venue vers le vieux valide qui une fois de plus faisait son geste d’amitié.
- Il est décédé, a-t-elle annoncé d’une voix atone.
Il n’y aura pas de kakis cet hiver.